FRE 2039H

Roman et critique sociale aux XXe et XXIe siècles

Modalités de diffusion du cours

En ligne 

Horaire :

Jeudi 14h-16h

Instructeur:

P. Michelucci

Endroit:

 

Salle:

 

Description:

Au cours d'un siècle jalonné de guerres, marqué par l'effondrement de l'idéal communiste, le délitement des liens communautaires et la montée irréversible de la société de consommation, le roman français se pratique à la lumière d'une passion pour (ou contre) l'engagement politique, humaniste, ou même doctrinaire. La critique sociale que pratique un tel roman convoque une éthique individuelle (témoignage, résistance, engagement, mobilisation), mais elle appelle surtout la mise en lettres des idées. Sans automatiquement poser la question en termes de la critique sociale qui se dit ailleurs que dans le roman, mais sans non plus ignorer les affiliations idéologiques ni le discours des « prophètes » (Malraux, Sartre, Camus, par exemple), nous explorerons les rapports entre le roman et ses idées. Quel est alors le statut du littéraire ? Comment jauger le « message » ? Quelles voies, parmi l'exhortation didactique, le catalogue d'horreurs, la mise en scène, la parabole, le réalisme, permettent de réconcilier la position de critique et la création romanesque ? Comment l'une reflète-t-elle l'autre, mais aussi par quels moyens parvient-elle à y (faire) réfléchir ?

Nous reviendrons, quand ce retour sera pertinent, sur les discours critiques et polémiques autour du roman à thèse et de la littérature engagée (ou « dégagée »).

Textes au programme :

Jean GIONO. Le grand troupeau, Paris, Gallimard, coll. Folio, 1998 [1931].

Simone DE BEAUVOIR. Le sang des autres, Paris, Gallimard, coll. Folio, 1973 [1945].

Georges PEREC. Les choses. Une histoire des années soixante, Paris, 10/18, 2005 [1965].

Didier DAENINCKX, Meurtres pour mémoire, Paris, Gallimard–Folio policier, 2008 [1983].

Shumona SINHA, Assommons les pauvres !, Paris, L’olivier, 2011.

Bibliographie sélective :

      Marc Angenot. « Que peut la littérature ? Sociocritique littéraire et critique du discours social », dans La politique du texte : enjeux sociocritiques [pour Claude Duchet], sous la dir. de Jacques Neefs et Marie-Claire Ropars, Lille, Presses universitaires de Lille, 1992, p. 9-28.

Alain Badiou, Petit manuel d'inesthétique, Seuil, L'ordre philosophique, 1998.

Philippe Baudorre, Dominique Rabaté & Dominique Viart (sous la dir. de), Littérature et sociologie, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2007.

Julien Benda, La trahison des clercs, Grasset, Cahiers rouges, 1995 (1927).

Darsel, Sandrine et Roger Pouivet (dir.). Ce que l’art nous apprend. Les valeurs cognitives dans les arts, Paris, Presses universitaires de Rennes, coll. Aesthética, 2008.

Benoît Denis, Littérature et engagement de Pascal à Sartre, Seuil, Points essais, 2000.

André Gide, Littérature engagée, Gallimard, 1950.

György Lukács, La théorie du roman, trad. Jean Clairevoye, Gallimard, TEL, 2001 (1969).

Jacques Rancière, Politique de la littérature, Paris, Galilée, 2007.

Luc Rasson (dir.), Paroles de salauds : Max Aue et Cie, Amsterdam, Rodopi-CRIN, 2013.

Jean-Paul Sartre, Situations II, Gallimard, 1948.

Gisèle Sapiro, La guerre des écrivains : 1940-1953, Fayard, Histoire de la pensée, 1999.

Susan Rubin Suleiman, Le roman à thèse ou l'autorité fictive, PUF, Écriture, 1983.

Nelly Wolf, Le roman de la démocratie, P.U. Vincennes, Culture et société, 2003.

——, Proses du monde. Les enjeux sociaux des styles littéraires, Lille, Septentrion, coll. Perspectives, 2014.

          Travaux requis :

Un exposé oral (15 minutes + débat/questions; 30%). Un rapport de lecture sur un des textes théoriques/polémiques du programme (environ 1200 mots; 20%). Un travail écrit (environ 4000 mots; 40%). Participation (10%).