Depuis sa naissance, les cinémas d’Afrique ont été marqués par des enjeux politiques, historiques et culturels, ont connu des métamorphoses documentées par de nombreux chercheurs. Mais la plupart de ces travaux portent presqu’exclusivement sur les films de fiction qui, de ce fait, ont fini par être perçus comme seule forme de création cinématographique pratiquée sur le continent. En dehors de quelques chapitres et articles, peu de recherches interrogent l’émergence, la diversité et les transformations du documentaire dont la production s’est accélérée depuis les années 1990. L’essor de ce genre peut s’expliquer par 1) la transition du film à la vidéo et les économies qui s’en suivent; 2) la formation de nombreux documentaristes par l’association Ardèche Images à travers « l’école AfricaDoc »; 3) l’entrée en scène et l’expression d’une voix distincte chez les femmes dans un domaine autrefois dominé par les hommes; 4) l’ouverture démocratique des années 1990 avec la montée de nouveaux discours politiques et sociaux.
C’est dans ce contexte que ce projet vise à déterminer, dans le prolongement de mes recherches antérieures, les modalités de développement et de transformation du cinéma documentaire depuis 1970. À la lumière de l’impact des nouvelles technologies sur les dynamiques de production, la recherche analysera l’entrée en scène de nouveaux documentaristes de diverses générations, en particulier des femmes, dont la formation et les regards sur les enjeux sociaux, politiques et environnementaux témoignent non seulement de leur engagement mais également de leurs stratégies discursives et pratiques esthétiques.
Chercheur Principal
Prof. Alexie Tcheuyap